Courir la Jules Verne 2017 c’était du soleil – beaucoup de soleil -, des copains, de la rigolade, une super ambiance, un parcours un poil technique, un RP et une bonne bière à l’arrivée. Le genre de course qui te rappelle à quel point ce sport est fabuleux et qui te donne envie de t’arracher pour continuer à exploser les chronos (et mériter les bières à l’arrivée !).

Quelques semaines / jours avant :

J’ai tardé à m’inscrire à cette course car je savais qu’elle tombait cette année 3 semaines seulement après mon deuxième marathon. J’avais très envie de la faire car c’est une très bel événement qui rassemble de nombreux coureurs de tous les niveaux et de tous les âges : de la plus grosse des bêtes de course au plus modeste des coureurs du dimanche. Le tout dans une super ambiance mêlant spectacle, convivialité et partage. Au delà de l’aspect sportif, Courir la Jules Verne est donc avant tout une jolie fête populaire qui met les femmes à l’honneur en ce jour de fête des mères.

Mais le problème pour moi cette année, c’est la date. Beaucoup trop rapprochée de mon marathon pour espérer faire un chrono sur 10km. Et épingler un dossard pour me balader ou enfiler des perles, c’est pas trop mon truc. En février je décide de postuler pour être meneuse d’allure. Mettre mes jambes fatiguées au service des autres, ça me paraît être un bon compromis. Les semaines passent et pas de réponse de l’organisation.

Pack race 5km
J’assume complètement ce total look Nike assorti à mes Pegasus.

Je m’impose 10 jours de coupure (et d’apéros à gogo !) après le marathon. La Jules Verne approche, j’hésite toujours à la faire car je ne me sens pas du tout d’attaque pour « courir vite » après mes huit semaines de prépa basée principalement sur de l’endurance. Mais si je ne la fais pas, je risque d’être frustrée : je dois de toute façon y aller pour encourager Chéri, une amie et quelques copains. Je finis par opter pour le 5km : rapide mais court. Pas vraiment le temps de trop souffrir. Je n’en ai qu’un officiel à mon actif… On verra bien ce que ça donne.

Je reprends l’entraînement le 19 mai, soit 9 jours seulement avant la course. De manière assez anarchique comme d’habitude, mon unique objectif est de suivre mes sensations, mes envies et mon chien qui déborde d’énergie. Cette sensation de liberté me fait un bien fou, je n’en pouvais plus de suivre un plan d’entraînement à la lettre. Bref, je ne me prépare pas spécifiquement pour ce 5km mais espère en secret battre mon record sur la distance (22min25) malgré la forte chaleur annoncée. Je vise aussi le top 10 féminin sur cette course mixte où on est plus de 1000 à prendre le départ. C’est assez ambitieux mais j’aime me lancer des paris un peu fous.

L’avant-veille et la veille :

La Jules Verne vient clôturer un week-end de 4 jours. Alors autant dire que côté hygiène de vie, c’est un peu le carnaval également. Apéro midi et soir dans le jardin ou en terrasse, il faut bien se rafraîchir avec ces températures ! On se croirait en vacances et pour la première fois de ma vie, je ne ressens aucun stress et aucune appréhension avant un départ. J’ai juste hâte d’y être. Ma copine Adèle court son premier 10km officiel pour la première fois, Chéri va tenter de passer sous les 36 minutes. Une poignée de champions régionaux vont assurer le spectacle. Des milliers d’anonymes vont tenter de se surpasser. Ca va être une belle fête.

Adèle et Lo Courir la Jules Verne
Adèle a terminé son premier 10km, ça aussi ça méritait bien une bonne bière !

J’ai récupéré mon dossard le vendredi (j’ai d’ailleurs appris à ce moment-là que l’orga avait tenté de me contacter pour répondre de manière favorable à ma candidature de meneuse d’allure… les mystères de l’informatique… !) et préparé mes affaires la veille au soir pour éviter de stresser au réveil. Ya plus qu’à !

Le jour J :

Chéri court à 9h donc réveil à 6h30. Ca pique, comme d’habitude, mais ça fait partie des charmes de la course à pied. Un petit-déjeuner et une douche plus tard, ça va déjà nettement mieux. Mon amie Adèle nous rejoint à 8h et nous nous dirigeons à pied vers le cirque Jules Verne d’où seront donnés les différents départs. Il fait déjà 20 degrés. Pour le moment c’est agréable. Tout le monde a le sourire. Faut dire qu’un temps pareil, même si ça empêche de faire des RP, c’est plutôt sympa et assez rare en Picardie. Sur place je retrouve Joséphine, venue elle aussi encourager sa moitié sur le 10km hommes. A 10h30, c’est au tour des femmes de s’élancer sur le 10. La température est montée d’un cran. Les visages sont plus crispés. Je suis bien contente m’être finalement inscrite sur le 5.

Attente départ Courir la Jules Verne
Une matinée fatiguante… 4h d’attente avant de prendre le départ !

Sur place depuis environ 8h15, je veille à bien m’hydrater jusqu’à mon départ, prévu à 12h, pour éviter le coup de chaud ou le coup de mou. L’heure approche et je sens une pointe de stress qui commence à monter. J’ai envie de bien faire malgré la chaleur. Chéri a explosé son RP avec un chrono de 35min45, Adèle est venue à bout de son premier 10km en 1h01. C’est à moi d’assurer maintenant. Vers 11h40, je pars m’échauffer. Footing tout doux, quelques accélérations, je ne force pas. Il fait désormais 30 degrés et rien que le fait de respirer ou de parler me donne des suées. J’ai la chance d’avoir un dossard élite et c’est un vrai luxe aujourd’hui : je peux rester à l’ombre jusqu’au dernier moment, évitant ainsi la chaleur et les bousculades. Juste avant de rejoindre mon SAS, je me renverse plusieurs verres d’eau sur la tête et sur le corps pour tenir jusqu’au premier point d’arrosage.

La course :

Au coup de pistolet, je fonce sans réfléchir. Chaque seconde grapillée est un pas de plus vers le RP. J’ai un big sourire, je suis trop contente d’être là et me laisse porter par les encouragements du public. Très vite, un premier virage, puis un deuxième, assez corsés. Je pense à rester proche de la corde pour ne pas perdre de temps, réflexe que j’ai acquis assez tardivement dans ma pratique de la course. Je regarde ma montre : 3min45. Je me dis « ralentis cocotte où tu vas crever avant même d’avoir vu le panneau du premier kilomètre ». Je freine donc un peu et vois pas mal de monde me doubler. J’ai « le seum » comme disent les jeunes car il y a pas mal de filles (souviens-toi, je vise le top 10) mais je préfère jouer la prudence par ce temps. Le premier kilomètre est bouclé en 4min23. Jusqu’ici, tout va bien. Pour battre mon RP, je dois être sous les 4min27 d’allure moyenne.

Courir la Jules Verne
Comment retrouver le sourire ? Griller quelques places au 3ème kilomètre.
© Franck Blehaut

Plusieurs points d’arrosage ont été déployés sur le parcours, je n’en rate aucun. Par chance, quelques nuages viennent couvrir le brûlant soleil qui tente de nous assommer. Une petite brise s’invite également. C’est parfait. Le deuxième kilomètre passe lui aussi assez rapidement en 4min26. Je suis toujours sous mes prévisions, je me sens bien et ça me rassure. Sur le kilomètre suivant, un aller-retour sur une grande ligne droite. On croise les premiers de la course et c’est assez grisant pour le moral. Je commence à lâcher mais m’accroche. « T’as fait la moitié, c’est bientôt fini ». J’arrive au virage en épingle que je redoutais tant et qui me casse un peu les pattes. La relance est difficile sous cette chaleur. Ca l’est aussi pour les autres visiblement. Certains et certainES surtout commencent à lâcher à cet endroit. J’en profite pour doubler et grapiller quelques places, ça me redonne un bon coup de fouet. 4min25 pour ce troisième kilomètre, je suis toujours dans les temps.

L’énorme faux plat qui nous ramène vers les boulevards proches du cirque m’oblige à ralentir. Je suis désormais à une allure de 4min30/km et n’arrive plus à accélérer. Peu importe. Je ne vois plus de filles devant moi. Mon unique objectif désormais est de conforter ma position et de ne pas me faire doubler jusqu’à l’arrivée. Fin du quatrième kilomètre, il me reste une immense ligne droite à parcourir avant la fin. Je suis au bout de mes forces, les jambes et le souffle coupés par ce parcours un peu traitre et la chaleur. J’aperçois Joséphine qui m’encourage et me suivra de loin en vélo jusqu’à l’arrivée (merci !).

Je suis incapable de lui sourire tellement je souffre. 4km300, je rêve de me cacher derrière un buisson en position foetale et d’appeler Chéri pour qu’il vienne me chercher. Pas de buisson à l’horizon, nous sommes sur un boulevard et ma troupe de supporters m’attend 700 mètres plus loin donc pas le choix, il faut y aller. Tant bien que mal, je parviens à accélérer le pas. Ma hantise, c’est de me faire griller une place si près du but. Fatiguée mais toujours lucide, je n’oublie pas mes objectifs. À 500 mètres de l’arrivée, les spectateurs sont déjà très nombreux. C’est exactement ce qu’il me faut à ce moment là. Ils sont des deux côtés de la route et forment une sorte de haie d’honneur. Ca me transporte et grâce à eux je relève la tête pour finir en sprint à 3min40/km.

Arrivée 5km de la Jules Verne
Vivement la bière ! Bien méritée celle-ci !
© Frédéric Haslin

J’arrête ma montre après 22min21 d’effort et bats mon RP de 4 secondes. Je suis au bout du rouleau et me jette sur une bénévole munie d’un jet d’eau. J’ai mon casque audio et mon téléphone sur moi mais peu importe, j’ai chaud ! Comme après chaque course, il me faut plusieurs minutes pour reprendre mes esprits. Ce petit moment où je plane, à mi chemin entre la transe et la délivrance, est celui que je préfère. A travers le grillage, mes amis m’annoncent la bonne nouvelle : je suis 4ème féminine. Je suis tellement contente que je l’annonce au photographe qui immortalise les arrivées ainsi qu’au bénévole qui enlève la puce de ma chaussure. Une vraie gamine ! Je récupère ma médaille et file rejoindre mes proches, fière comme un paon. Enfin c’est vite dit, car je ressemble plus à un caniche mouillé qu’à un paon après cette rude épreuve.

Je me renseigne auprès d’un membre du staff pour savoir si les premiers seniors sont récompensés, il me dit que non. Bon bah c’est pas plus mal, j’en peux plus d’être au soleil et je rêve d’une bière bien fraîche. Elle est bien méritée. J’apprendrai quelques heures plus tard que j’étais finalement appelée sur le podium. Un petit raté qui n’entache pas ma bonne humeur et surtout ma grande satisfaction. 3 ans après avoir débuté la course à pied et seulement 3 semaines après mon deuxième marathon, je suis encore capable d’aller chercher des RP sur des distances improbables malgré un entraînement totalement décousu. Je suis 71ème au classement général sur 1077 participants, 4ème femme sur 676 et 1ère senior. Je n’en demandais pas tant ! Je suis aux anges !

Arrivée 5km de la Jules Verne
Pas d’allure mais beaucoup de fierté !
© Frédéric Haslin

L’organisation :

Au top ! Comme l’année dernière, je n’ai absolument aucune remarque négative à faire sur l’orga. Malgré un nombre important de coureurs, tout est fluide, pratique, sécurisé et convivial. Les bénévoles, tous souriants et sympas, contribuent largement à la bonne ambiance de cette course populaire, devenue un rendez-vous sportif incontournable. Un grand merci et bravo à vous, ainsi qu’à tous les participants qui ont terminé ou non le parcours. Vivement la prochaine édition, avec, je l’espère, de nouveaux records et une montée sur le podium 😉

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Auteur

Journaliste au caractère bien trempé, maman hyperactive, accro à ses baskets et à son chien. Blogueuse course à pied et canicross

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