Après trois années de course sur route, il était temps de goûter un peu aux cailloux. Pour cette première expérience, j’ai jeté mon dévolu, ou plutôt mes Pegasus, sur le trail de Cottenchy, un village situé non loin d’Amiens. Au menu : presque 22km de course pour plus de 400m de dénivelé. Autant dire, l’Everest pour une débutante comme moi qui râle au moindre faux-plat sur bitume. Mais contre toute attente, tout s’est très bien passé.
L’inscription :
Après mon deuxième marathon, j’ai eu envie de changer de terrain de jeu pour aller découvrir de nouvelles sensations, de nouvelles personnes et une nouvelle manière de courir. Je me suis donc tournée vers le trail, et plus particulièrement celui de Cottenchy car la date tombait à pic : un dimanche assez éloigné de mes autres compétitions sur route (la priorité number one !) et où Chéri était en week-end à l’étranger. Il fallait donc bien s’occuper !
J’ai beaucoup hésité entre les deux distances proposées, 9 ou 21km, pensant que la deuxième était un poil trop courte (je serais partie comme une fusée, ici ce n’était pas le but recherché, il y a déjà la route pour ça !) et que la seconde était à l’inverse trop longue pour une première expérience en trail. Dans l’idéal, j’aurais souhaité commencer par un petit 14/15km tranquillou. Mais il a fallu faire un choix alors comme j’ai une nette préférence pour les longues distances et que j’ai déjà enchaîné par mal de courses rapides récemment (mais aussi parce que j’adore souffrir), j’opte pour le grand format. Ça tombe bien, Pierre, un copain qui s’est blessé et qui veut la faire à la cool me propose de courir ensemble.
Quelques jours avant :
No stress ! Pour cette première expérience, je choisis d’y aller sans objectif. Enfin si, terminer quand même. Zéro prépa hormis deux séances de côtes, zéro effort particulier sur mon hygiène de vie (on ne change pas une équipe qui gagne… ou pas !), et zéro pression. J’y vais pour me balader, découvrir, en courant bien sûr. Enfin en essayant de courir car d’après les organisateurs, il y a 270m de dénivelé positif. Rien pour les traileurs chevronnés, une montagne pour moi !
Il a fait très chaud les jours qui précèdent la course et je dois être la seule cruche à avoir réussi à choper la crève à cause du ventilo du bureau. J’ai l’impression d’avoir des lames de rasoir dans la gorge et la tête qui va exploser. Je me dope de pastilles pour la gorge mais ça ne passe pas. Le matin de la course, quand le réveil sonne à 6h30, je suis au bout du rouleau avant même d’avoir couru. Ça promet…
Le jour J :
Je me rends chez Pierre pour 9h en courant en guise d’échauffement. Nous avons de la chance, le mercure s’est calmé depuis la veille. Il y a même un petit vent frais.
Nous arrivons sur place 30min plus tard. Je retrouve avec plaisir quelques bêtes de course avec qui je papote un peu (pour une fois je suis hyper détendue !) en attendant le départ. Cinq minutes avant, nous nous plaçons derrière la ligne.
Première partie :
Au coup de pistolet, première surprise. Pas de départ en trombe comme j’ai l’habitude d’en vivre sur route. Ici, ça démarre très tranquillement. D’ailleurs je peux à peine avancer. La prudence est de mise, alors je choisis d’imiter mes voisins et de suivre leur rythme. Au bout de 200 mètres, premier virage. Et là, surprise, une jolie côte bien raide et bien longue, sur des espèces de gravillons assez glissants. La transition est assez violente, mais au moins je suis direct plongée dans le bain. Premier kilomètre en 5min56. Je me dis qu’à ce rythme-là, je ne suis pas prête d’arriver ! Pas possible d’aller plus vite, ça ne fait que grimper et dans les rares endroits qui sont à peu près plats, impossible de doubler à moins de faire du gros hors piste. On est au milieu des champs, je me vois mal courir à travers les blés ou je ne sais quelle autre céréale qui m’arrive quasi à la taille. Même combat pour le deuxième kilomètre, péniblement bouclé en 6 minutes. Tout le monde marche autour de nous, Pierre me conseille de faire pareil pour m’économiser. Vu la raideur de la côté, je ne me fais pas prier.
Enfin, la descente pointe le bout de son nez. Pierre met les gaz, je le suis. On avance à une cadence plus « acceptable » pour la bitumeuse que je suis, c’est à dire 5min/km environ. Quand enfin je commence à me faire à ce nouveau rythme, j’aperçois un bouchon à l’entrée du bois. Tout le monde à l’arrêt. Qu’est-ce donc ? Un ravito ? Que nenni, une descente courte, mais tellement raide qu’il faut y aller en marchant, un par un. Souffrant de vertiges (quelle chochotte celle-là !), je me dis que je n’y arriverai jamais. Mais derrière moi la queue s’allonge, pas le choix il faut y aller. J’arrive en bas en un seul morceau et assez fière de moi je dois le dire.
Le parcours se poursuit dans ce petit bois où les montées et descentes se succèdent. Quand le type devant crie « racine » pour la première fois, je me demande ce qu’il a bien pu fumer. Puis je regarde le sol et je comprends. Certaines sont signalées par un coup de bombe fluo mais d’autres sont assez peu visibles. Alors moi aussi je me mets à crier « racine » au coureur derrière moi, ça m’amuse beaucoup. On se croirait en colo, tous à la queue leu-leu sur ces petits chemins escarpés. J’ai presque envie d’entonner « Un kilomètre à pied, ça use, ça use… » mais je me retiens, pour le bien de tous. Et pour conserver ma dignité aussi.
Retour dans les champs avec un soleil qui tape assez fort. Au niveau de l’allure, c’est toujours l’anarchie, je préfère ne plus regarder ma montre pour éviter de déprimer. Les 5 et 6èmes kilomètres sont en descente, j’en profite pour laisser les jambes dérouler, même si je dois faire super gaffe aux trous et cailloux. Au kilomètre suivant, une nouvelle côte de la mort. Longue, très, très longue. J’arrive à trottiner un peu sur le début et mes cuisses me lâchent. Je poursuis l’ascension en marchant. S’en suit une magnifique descente dans laquelle je bombarde. Le changement de rythme incessant et brutal me provoque des points de côté, c’est hyper désagréable. Entre le 8ème et le 9ème les coureurs de la version courte regagnent le village d’arrivée, ceux de la version longue (quelle idée !), repartent pour une nouvelle boucle dans l’autre sens. C’est bien plus fluide au niveau circulation et je me sens plus à l’aise.
Deuxième partie :
Au km 10, j’avale un carré de sucre. Je suis bien contente d’avoir pris mon sac d’hydratation (j’avais longtemps hésité, merci pour vos nombreux conseils !) pour faire passer ça et boire à ma convenance, surtout après les côtes où j’ai la gorge tellement sèche que je n’arrive plus à avaler ma salive. On croise très peu de monde sur le parcours, à part quelques randonneurs qui nous encouragent. Le public, c’est quelque chose qui me manque ici.
On passe un long moment (trop long ?) dans les champs où le terrain est de plus en plus impraticable. À un moment, on court carrément sur de gros cailloux qui font super mal aux pieds. Je fais hyper gaffe à mes chevilles car j’ai un semi-marathon dans un mois et demi, c’est pas le moment de déconner. Au KM 13, j’aperçois enfin une féminine. La troisième de la course. Quand elle s’aperçoit que je me rapproche, elle passe son Camelbak à son partenaire de course. La situation est assez amusante, jamais je n’aurais cru faire peur à une traileuse. Quand j’arrive à son niveau quelques minutes plus tard, elle s’arrête pour refaire son lacet. Je la double et continue ma route tranquillement. Très vite, je la sens revenir derrière moi. Je n’ai pas de musique dans les oreilles, le bruit de son souffle et de ses pas dans mon dos me stresse à mort. Je suis venue ici pour découvrir et m’amuser, par pour courir sous la pression. Au km 15, alors qu’une nouvelle montée pointe le bout de son nez, je décide de ralentir pour avaler un nouveau carré de sucre et reposer mes cuisses. Je retrouve ma quatrième place.
Les derniers kilomètres passent assez vite. On papote et on s’encourage avec les autres coureurs, l’esprit trail ! À partir du 18ème le retour se fait tout en descente. Du bonheur ! Il fait de plus en plus chaud et je rêve d’une boisson bien fraîche (une bière par exemple). Au KM 21 nous sommes encore au beau milieu des champs. Je commence à pester. Un bénévole me rassure : « ça se termine bientôt ! ». J’ai l’impression que les distances sont beaucoup moins académiques sur trail. Mais ça fait aussi partie du folklore. Le bitume refait surface, j’accélère et aperçois enfin l’arche d’arrivée que je passe en 2h05, après un périple de 21,8km, soit une allure moyenne de 5min44 au kilomètre. Je suis donc quatrième et suis assez fière de moi pour cette première. Un coup d’oeil à Strava, je m’aperçois que le dénivelé positif était en fait de 413m (TomTom indique 433, qui a raison ?). Heureusement que je n’ai pas su ça avant 😉
Bilan :
J’ai trouvé cette première expérience en trail sympathique. J’ai bien aimé la diversité des paysages (surtout les passages dans les bois) et l’ambiance bon-enfant. J’ai moins apprécié les trop grandes et fréquentes variations d’allure et le manque de spectateurs (Mais qui a envie de faire le guet 2h en plein cagnard au milieu des champs ?). Physiquement j’ai trouvé ça un peu plus difficile que sur route car les cuisses chauffent et les mollets tirent plus souvent. Mentalement en revanche, ça m’a paru plus facile puisqu’on est moins dans l’intensité niveau cardio, et ce de manière moins continue. Conclusion : je remettrai ça avec plaisir pour varier de temps en temps, mais je préfère définitivement la route 🙂
L’organisation :
Rien à redire sur l’organisation du trail de Cottenchy ! Des bénévoles aux petits soins, des ravitos assez nombreux et un plus copieux à l’arrivée, un parcours très chouette et bien balisé. En prime, un pot de l’amitié au moment des récompenses ! Tous les ingrédients étaient réunis pour passer un super moment. J’ai moins aimé en revanche le fait que les 9 et 21km partent en même temps, ça a créé pas mal de bouchons par endroits, surtout en début de parcours. Mais ça ne m’empêchera pas de revenir avec plaisir l’année prochaine !
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