Une belle arnaque cet article puisqu’au lieu d’avoir le compte-rendu d’un semi-marathon, tu auras en fait celui d’un demi-semi-marathon. Original comme concept non ?

Non pas que je manque d’inspiration pour écrire la suite, mais j’étais en fait absente sur la deuxième partie du parcours. Ras le bol, j’ai jeté l’éponge au 11e kilomètre malgré de bonnes sensations et des conditions idéales.

Quelques semaines avant :

J’avais depuis très longtemps envie de recourir sur cette distance, que j’apprécie beaucoup. Ni trop longue, ni trop courte, elle me convient parfaitement avec son rythme intermédiaire sur lequel je suis à l’aise, à mi chemin entre l’endurance et la vitesse. Mon meilleur chrono (1h46) datait de mars 2016 (mon premier semi-marathon), j’avais donc envie d’aller chercher un nouveau RP et même de tenter le 1h42, largement à ma portée avec un peu d’entraînement. Comme je cours seule et sans club (attention, il risque d’y avoir du changement dans les prochaines semaines !), je me suis mise en quête d’un plan visant mon nouvel objectif. Je jette mon dévolu sur une prépa en six semaines avec 4 séances hebdo que je fais valider par des copains ayant de l’expérience et adapte les allures à mon niveau. C’est parti mon kiki.

Je réalise la première séance le lendemain de mon premier trail : 22km, 440D+, pas de quoi casser trois pattes à un traileur chevronné mais assez pour me faire découvrir l’existence de muscles que je ne connaissais pas encore. Bref, une première séance assez difficile qui me plonge direct dans le bain. « Tu vas en baver ». Voilà ce que je lis entre les lignes de ce plan d’entraînement. Et cette petite intuition se confirme très vite. D’autant plus que le climat picard, habituellement si clément avec sa fraîcheur et sa grisaille légendaires, se met lui aussi à la mode de la canicule. Je m’accroche tant bien que mal et réussis à boucler les 23 séances prévues.

La veille et l’avant veille :

La course a lieu le samedi à 19h. Déjà l’horaire ne m’enchante pas trop. J’ai l’habitude de courir le matin, je me sens beaucoup plus lourde et fatiguée quand je m’entraîne le soir. L’avantage à cette heure, c’est qu’on ne devrait pas trop souffrir de la chaleur. J’arrive au Touquet le vendredi soir. Je suis hyper excitée par ce week-end en bord de mer aux airs de vacances. La course, je ne m’en soucie pas trop. Pas assez même. Pire encore, ce semi en plein milieu de mon week-end, ça m’ennuie un peu. Mais je me suis préparée, j’ai motivé Chéri et un couple d’amis à faire le 10km, je ne peux plus reculer. En attendant le départ, c’est apéros, shopping et balades sur la plage.

https://twitter.com/BeteDeCourse/status/893438420592332802

Le jour J :

Tellement de balades que ma montre affiche déjà plus de 15km parcourus depuis le début de la journée quand je me pointe sur la ligne de départ. Je suis hyper stressée et regrette de m’être engagée sur cette distance. Il y a un monde fou, les 10km et semi partent en même temps et il n’y a aucun sas de départ, sauf pour les élites. 3 000 coureurs en tout, je choisis de me placer assez rapidement pour éviter la cohue en début de course. Chéri va tout devant avec les vraies bêtes de course, mes amis sont derrière. Il reste plus de 30 minutes à patienter avant de partir, on est déjà serrés comme des sardines. Un peu claustro, j’ai hâte que le coup de feu retentisse pour pouvoir être un peu plus à l’aise.

Les 5 premiers kilomètres :

À 19h pétantes, c’est la délivrance. Je suis équipée d’une puce qui me permettra de connaître mon temps réel. Je n’active donc ma montre qu’au moment où je franchis le premier tapis. Je ne retiens qu’une chose de ce moment : le monde, la sensation d’étouffer, la peur de me faire piétiner, de faire tomber quelqu’un. Heureusement le public est lui aussi venu en nombre et nous encourage énormément. Il fait beau mais pas trop chaud, j’essaye de me mettre dans le bain.

Le premier kilomètre est un enfer. Vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de monde. Il faut slalomer, relancer, faire attention où on met les pieds, éviter ceux qui sont partis à une allure beaucoup plus lente, laisser passer ceux qui tracent comme des balles, se rabattre à droite, se déporter à gauche. Bref, concentration maximale pour éviter tout incident ou télescopage. Impossible de profiter de ce début de course et de se caler sur une allure régulière. J’attrape un premier point de côté. Il me reste plus de 20km à parcourir, ça sent déjà le roussi. J’arrive tant bien que mal à boucler mon premier kilomètre en 5min10. Il va vite falloir que j’atteigne ma vitesse de croisière si je veux tenir mon objectif (allure moyenne visée : 4min50).

Course entre mer et forêt 2017 : 3000 participants.
3000 participants pour deux distances au départ, ça bouchonne un peu. Mais où est Charlie ?

Le parcours nous emmène assez vite, sur un parcours roulant épicé de quelques faux-plats montants, en bord de mer. Là bas le vent souffle pas mal et la route se rétrécit. Sur la digue, on emprunte un chemin qui ne peut pas accueillir plus de 3 coureurs alignés. Ca se complique encore une fois pour avancer. Je ne fais que pester intérieurement et j’ai hâte d’arriver à la deuxième boucle (pour le semi, deux boucles de 10km quasi identiques) pour pouvoir bénéficier d’une circulation plus fluide. Le paysage est vraiment chouette mais je n’arrive pas à profiter. Slalomer, encore. Malgré ça, j’ai atteint enfin ma vitesse de croisière. À la sortie de la digue, un peu avant le 5ème kilomètre, premier ravito. J’ai deux bidons d’eau sur moi et choisis de ne pas m’arrêter. À nouveau, le public est là, en nombre. Tous ces sourires et encouragement, ça fait du bien mais il me manque des visages familiers.

Niveau cardio et sensations au niveau de la respiration, je suis vraiment à l’aise. Mais déjà, la flemme. J’imagine Chéri et les copains qui en sont à plus de la moitié de leur course, qui trinqueront bientôt avec une bonne bière et pour la première fois depuis le départ je me dis « Mais qu’est-ce que je fous là ? ». Bon, ok, on se dit tous ça au moins une fois par compétition (voire même à l’entraînement !) mais cette fois c’est différent. J’en ai marre. Vraiment.

A partir du cinquième kilomètre :

Le parcours repart en ville. Pas de grosse difficulté technique mais je le trouve un poil monotone par endroits. Grâce à la musique, j’arrive à m’évader un peu et à maintenir mon allure. Km 5 en 4min47, KM 6 en 4min51, KM7 en 4min43. À ce moment de la course je me fais pas mal doubler par ceux du 10km qui commencent à accélérer. Les chanceux, plus que 3km et c’est fini pour eux. Je les envie. Je pense à Chéri qui doit déjà être arrivé ou presque. J’ai hâte de connaître son chrono, lui aussi est venu pour un RP.

Je suis toujours à l’aise sur le plan respiratoire mais j’ai les jambes de plus en plus lourdes. Chaque foulée me gonfle, chaque mètre me paraît en faire 100. La tête aussi commence à flancher. Avancer devient une corvée. Je regarde désespérément ma montre tous les 20 mètres en espérant qu’un kilomètre soit passé. Je commence à me dire « Allez, tant pis arrête-toi ! ». Puis je repense à me prépa. A nouveau : « Imagine l’enfer, t’as à peine fait un tiers ». Et je pense à vous qui attendez mon traditionnel post d’après course (« Hello les bêtes de course, aujourd’hui j’ai fait ma looseuse… » pas très sexy comme post !). Du 7ème au 9ème kilomètre, je ne fais que ça : abandonnera, abandonnera pas ? Bref, le mental a foutu le camp depuis bien longtemps et je réalise à ce moment que ça va bientôt se terminer. Il me reste deux plans B : appeler Monsieur Bête de course à la rescousse pour me « liévrer » jusqu’à la fin quand je passerai devant lui (ça lui fera une sa récup, tiens !) ou m’arrêter à la ligne d’arrivée des 10km si je ne le vois pas. Au moins ça fera un compte rond et ça ressemblera presque à une vraie course.

Abandon semi marathon du Touquet.
11,5km, retour sur la digue. Il est temps que ça se termine pour moi… 200m plus loin, mon voeu est exaucé !

KM 9, mes petites manigances et derniers espoirs tombent à l’eau. Les deux parcours, 10km et semi, se séparent. Une flèche à gauche pour les chanceux du 10, une autre à droite pour ceux qui sont punis. Je me mets des claques mentalement : « C’est pas plus mal, au moins t’as pas le choix que d’aller au bout maintenant. Courage, il y aura moins de monde sur cette deuxième boucle, tu seras enfin pénard ! ». À force de trop cogiter, l’allure en a pris un coup : 4min56 et 4min57 pour les 8e et 9e kilomètres. Les deux suivants sont encore plus lents, plus difficiles. Je ne suis déjà plus là. Début du 11e KM, je marche une première fois. Je tente de joindre Chéri pour qu’il me mette un bon coup de pied aux fesses mais il a oublié son téléphone, ça me revient.  Je repars grâce aux encouragements de plusieurs coureurs. Arrivée sur la digue, 700 mètres plus loin (11,69km exactement !), je lâche l’affaire définitivement. Cette course est une corvée, à quoi bon continuer ?

https://www.instagram.com/p/BXbIJXdFsAj/?hl=fr&taken-by=betedecourse

Conclusion :

Je suis évidemment en colère, frustrée et honteuse après cet abandon et je frôle la crise de nerfs. Mais après un gros barbeuc et une bonne nuit de sommeil, la déception s’est finalement envolée. Je ne regrette pas ma décision, arrêter à ce moment de la course m’a permis de garder assez de jus pour réaliser mon objectif en solo quelques jours plus tard. Je ne m’en veux pas non plus comme ça avait été le cas lors de mon premier abandon sur 10km. Je n’ai pas commis d’erreur cette fois : je me suis bien préparée, j’ai respecté mes allures et me suis hydratée correctement. Le mental était absent, c’est tout. Il y a des jours comme ça mais heureusement, ils sont assez rares !

L’organisation :

Je garde malgré tout un bon souvenir de cette course « entre mer et forêt ». Le parcours est plutôt roulant, verdoyant et ombragé à de nombreux endroits. Il est très bien balisé et les bénévoles qui l’encadrent sont tous aussi sympathiques les uns que les autres. Au niveau logistique, rien à redire non plus. le retrait des dossards se fait très simplement et sans encombre, la veille et le jour même de la course. Chaque inscrit s’est vu remettre un sachet contenant le journal local, un stylo aux couleurs de la ville et une soupe de poissons venant du très chic traiteur et restaurateur Pérard. Et chaque finisher (pas moi, donc !) a pu repartir avec un sac à dos contenant son ravito final.

Je pense qu’il pourrait toutefois y avoir une amélioration pour fluidifier cette course, notamment au départ. Soit avec des départs différés par sas, soit en faisant partir les deux distances à 1h d’intervalle. Mais ce petit désagrément ne m’empêchera pas de revenir au Touquet l’année prochaine pour franchir cette fois la ligne d’arrivée en meilleur forme et avec le sourire !

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Auteur

Journaliste au caractère bien trempé, maman hyperactive, accro à ses baskets et à son chien. Blogueuse course à pied et canicross

2 Commentaires

  1. Bonjour Lo,
    Je suis ton blog depuis presque 2 mois, je le trouve décalé et intéressant à la fois. Je suis moi aussi d’Amiens et j’étais moi aussi au départ du semi du Touquet et je t’ai croisé pendant la course aux environs du 8ème km et je t’ai reconnu de dos grâce à ton casque audio, je me suis retourné voulais te faire un signe de sympathie mais je n’ai pas osé car j’ai cru voir dans ton regard de la détermination mais en fait tu penser à autre chose (cf ton compte rendu ). L’abandon fait partie de la course à pied et moi aussi j’y pense parfois mais pour l’instant le mental réussi à s’imposer sur la méforme du corps. Continue de faire vivre ton blog et à partager ses instants avec nous. Je vous souhaite à tous les trois de vivre pleinement votre passion commune.
    Amicalement. Gilbert

  2. Remplir son objectif seule le week-end cez soi est encore plus impressionnant que de le faire pendant une course.
    Bravo Lo!!

    Ton abandon, c’est peut-être aussi lié au fait qu’il y avait 2 boucles. je pense.
    Je n’ai pas encore expérimenté ceci mais un ami à moi qui fait des 100 kil a participé l’année dernière à une épreuve qui comportait 10 fois une boucle de 10 kil… au 80ème kil, il a lâché. Il dit « s’il avait fallu aller chercher la douche 20 kil plus loin je les aurais fait, mais là elle était à 2 mètres de moi… »

    😉

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