Christophe Thomas est vice-président du Club d’éducation et d’agility (CLEA) situé à Glisy, près d’Amiens (80). Il est responsable et moniteur de la section canicross-caniVTT. Pour Bête de course, il a accepté de revenir sur les fondamentaux de cette discipline qui fait de plus en plus d’adeptes.
Qu’est-ce que le canicross et quelles sont ses origines ?
Le canicross est un sport trail nature qui se pratique sur des terrains accidentés. Ca ne veut pas forcément dire que ça grimpe beaucoup comme pour le cross classique, mais ça veut dire que ça se pratique sur des sols mous, pas sur du macadam. C’est aussi un sport attelé puisque le chien et le maître, reliés par une ligne de trait, sont unis dans le même effort physique. Le but est de partir et d’arriver ensemble.
=> J’utilise avec Lupo un harnais de canicross Zero DC Faster, un baudrier de canicross Zero DC et une longe Inlandsis Canicrosstrail
A l’origine, le canicross était pratiqué par les mushers (conducteurs de chiens de traîneaux) qui souhaitaient entraîner leurs chiens de manière individuelle, pour leur apprendre les directions par exemple, ou lors des périodes estivales quand la neige avait fondu. Progressivement, c’est devenu un sport à part entière, avec ses codes, ses règles et ses adeptes, de plus en plus nombreux.
Tu ressens cet engouement au sein de ton club ?
Mon club compte environ 50 adhérents dans la section canicross-caniVTT. Il y a quatre ans, ils n’étaient qu’une dizaine. Un chiffre en hausse constante grâce au bouche-à-oreille et à une plus grande médiatisation depuis quelques années, y compris dans la presse régionale.
Tous les chiens peuvent-ils pratiquer le canicross ?
Pour moi tous les chiens peuvent courir. Bien sûr, on aura plus de difficultés avec un chien à face plate comme le bouledogue, pour qui l’effort respiratoire sera plus compliqué. Avec ce type de chien, on restera logiquement sur une pratique loisir du canicross qui vise uniquement à se faire plaisir sans aller chercher la performance. On ne demandera pas à ces races de chiens de s’arracher en compétition comme on le ferait avec un chien plus sportif. En respectant ces règles de bon sens, oui, on peut faire courir n’importe quel chien. D’ailleurs en compétition de canicross, aucune race n’est interdite à part les chiens de catégorie 1. Ceux de catégorie 2 doivent être muselés avec une muselière adaptée à l’effort et autorisée en compétition.
Y a-t-il des races plus aptes que d’autres quand même ?
Les Braques sont d’excellents chiens de canicross. Ils sont polyvalents : puissants, rapides et endurants à la fois. Le Husky a quant à lui des qualités de tracteur mais sera un peu moins bon en vitesse. Il sera donc un partenaire idéal en caniVTT. Enfin le Greyster, un chien conçu pour le canicross (croisement entre l’Alaskan, le Braque et le Lévrier) est le champion en la matière. Mais attention, il n’est pas à mettre entre toutes les mains car pour le suivre, il faut une excellente condition physique. Le meilleur chien est à mes yeux celui qui convient le plus à son conducteur. Une personne de 65 ans qui n’a jamais couru formera un bon binôme avec un Cavalier King Charles. A contrario, un jeune de 20 ans qui court déjà à 17km/h seul ne prendra pas un Chihuahua pour l’accompagner.
A quel âge un chien peut-il démarrer l’entraînement ?
En compétition, seuls les chiens âgés de plus de 12 mois sont autorisés à courir. Mais je conseillerais de débuter l’entraînement en libre de manière très progressive et ludique vers l’âge de 6 mois. D’abord, sur des distances de 200 mètres, sous forme de jeu. Ca permet au chien de prendre goût à la course. A partir de 8 mois, on peut déjà l’atteler sur 500 mètres avant de le relâcher. Ainsi, il se familiarise tout doucement avec le matériel de canicross.
Tous les maîtres peuvent-ils pratiquer le canicross ?
Bien sûr ! Au club, je vois arriver des gens qui n’avaient pas couru depuis le lycée. Avec eux, on démarre par de petites distances et très vite, ils y prennent goût. Quand on court avec son chien, les kilomètres défilent beaucoup plus rapidement, l’effort paraît moins difficile, l’exercice moins monotone. Le profil des coureurs est très varié, c’est ça qui est génial dans ce sport accessible à tous. On voit d’ailleurs de plus en plus de jeunes de 10/12 ans qui s’y mettent.
Faut-il des pré-requis nécessaires en éducation ?
C’est un vrai plus si le chien connaît déjà le stop. C’est d’ailleurs l’un des premiers ordres que l’on travaille à l’entraînement. Beaucoup de personnes n’osent pas venir au club car leur chien n’est pas encore super bien éduqué. A ces gens-là, je leur réponds qu’il ne faut pas hésiter, au contraire. En groupe, le chien apprend beaucoup plus vite que seul. Au bout de 2 ou 3 séances, il maîtrise déjà les changements de direction. Le seul impératif c’est d’avoir un chien sociable qui ne soit pas agressif avec ses congénères. Cette règle est valable uniquement pour quelqu’un qui souhaite courir en groupe car en individuel, il n’y a aucune contre-indication !
Quels sont les bienfaits de ce sport pour le chien et son maître ?
Grâce à leur chien, de nombreux maîtres retrouvent le goût de pratiquer une activité physique. Ils apprécient aussi cette activité car elle leur permet de tisser un lien spécial avec leur animal et de développer une très belle complicité. Le canicross est un formidable moyen de faire travailler son chien. Depuis une dizaine d’années, les chiens ne sont plus des animaux domestiques mais des animaux familiers qui vivent en intérieur et sont des membres de la famille à part entière. Ils ont perdu leur fonction intiale : pour certains, la chasse, pour d’autres, la garde de troupeaux etc. Avec des conséquences parfois déstrastreuses : problèmes de comportement, destruction etc. Le canicross leur permet de retrouver une utilité, d’évacuer leur trop plein d’énergie et d’être plus équilibrés.
Si mon chien n’aime pas courir, puis-je faire quelque chose ou c’est foutu ?
Il est très rare qu’un chien n’aime pas courir. Ce mode de déplacement leur est tout à fait naturel puisque ce sont des quadrupèdes. Par contre certains n’apprécient pas trop le fait d’être attelés et se sentent plus à l’aise en libre. Dans ce cas, il faut travailler pour rendre l’attelage plus agréable en l’associant à quelque chose de positif. C’est l’un des aspects que nous travaillons en club.
Comment se déroule une compétition ?
A peu près comme une compétition de course à pied. Au moment de l’inscription, le maître doit bien sûr fournir un certificat médical d’aptitude à la pratique du canicross. Sur place, un vétérinaire s’assure de la bonne condition physique des chiens avant le départ. Un chien jugé trop fragile peut être écarté de la compétition. Les distances varient entre 3 et 9km. Je conseille, dans la mesure du possible, d’effectuer une reconnaissance du parcours, surtout en caniVTT où on aborde certains virages à plus de 30km/h. Si on ne sait pas ce qu’il y a derrière, ça peut être embêtant. Avant le départ, il faut sortir le chien pour qu’il fasse ses besoins et prendre le temps de bien s’échauffer, d’abord seul puis en binôme.
Des conseils pour les lecteurs qui souhaiteraient débuter ?
Enfilez vos baskets et rejoignez un club ! Vous y passerez de très agréables moments. Enfin, ne vous mettez pas la pression et gardez à l’esprit que le canicross, c’est du plaisir avant tout !
Merci Christophe !
Et si tu souhaites avoir davantage d’infos sur ce club et même pourquoi pas le rejoindre, RDV à cette adresse : http://www.clea-amiens-glisy.fr
Retrouve également sur le blog toutes les infos concernant le règlement en compétition de canicross.
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