Deux trails en deux mois. Après celui de Cottenchy (mon premier), j’ai profité de mes vacances d’été pour traîner mes Pegasus sur les sentiers corses. Non, je ne suis pas en train de me transformer en petit cabri. C’est juste que je n’ai rien trouvé d’autre comme course dans les environs en cette fin août. En tout cas je ne regrette pas, quelle expérience ! Allez viens, je t’emmène avec moi sur ces 12km de folie en plein coeur de la Méditerranée.

L’inscription :

Au moment où je réserve nos billets pour l’Ile de Beauté, une drôle d’idée me traverse l’esprit : il doit bien y avoir des courses dans le coin non ? Genre un petit 10km en bord de mer, ça passerait crème. Je cherche vaguement et tombe sur quelques trails dans les environs de Propriano (là où je passe la première semaine) et d’Ajaccio (la deuxième). Soit il faut faire plus d’1h de route pour s’y rendre (les joies de la Corse !), soit le dénivelé annoncé me donne le tournis, voire carrément la nausée. Au milieu de tout ça, le trail de la Parata : 12km et 300 D+ sur un site exceptionnel classé Natura 2000. Ça sonne plutôt bien et j’en parle à Monsieur Bête de course. Avant de me rétracter : on arrive à Ajaccio le 26 août à 13h, la course a lieu le même jour à 18h, ça semble bien compliqué. Et puis je me l’étais juré : plus de dossard quand il fait trop chaud. De mes origines siciliennes je n’ai hérité que le caractère. Ma résistance à la chaleur vient plutôt de mes racines picardes. Passés 25 degrés : je meurs.

Maillot trail de la Parata
Un peu grand comme dab (à quand une taille XS pour les maillots techniques de course ?) mais un super souvenir à ramener à Amiens !

Mais Monsieur Bête de course, que j’ai converti à la course à pied il y a environ un an, et au trail depuis environ deux mois, n’a pas dit son dernier mot. Il me tanne pour faire cette course et sous l’effet de quelques verres de rosé, je finis par accepter. Je suis assez bon public pour ce genre de défis à la con. Je n’ai donc pas été bien difficile à convaincre.

Quelques jours avant :

Aucune préparation particulière évidemment, malgré le dénivelé annoncé qui représente une véritable ascension pour mes cannes de routarde qui pleurent au moindre faux-plat montant sur route. Pour ces vacances en Corse, un seul mot d’ordre, se faire plaisir. Ca passe bien évidemment par des rituels sacrés comme l’apéro (à rallonge) deux fois par jour et la découverte de toutes les spécialités locales. Idem avec l’entraînement. Après avoir abandonné sur ma dernière course, le semi-marathon du Touquet, j’ai décidé de lever le pied sur le fractio et le chrono. Pas de trève estivale pour moi, j’aime trop courir en vacances. Au programme donc, du footing en bord de mer sans prise de tête !

Le jour J :

Réveil à l’aube, les yeux encore collés, pour faire le ménage avant de rendre le premier appartement à Propriano. Puis direction Ajaccio en bus. 1h40 à serpenter sur les routes corses, l’estomac à deux doigts de rendre l’âme. Ou le petit-déjeuner.

https://twitter.com/BeteDeCourse/status/901371679615660032

A l’arrivée, je suis un peu patraque mais un bon plat de pâtes me fait oublier mon mal des transports. Il fait une chaleur de dingue, je préfèrerais aller barboter dans les eaux turquoises bordant la ville plutôt que d’aller crapahuter dans les rochers. Je n’ai aucune envie de courir.

A 16h30, direction le site de la Parata. Dans la file d’attente pour retirer le dossard, j’aperçois Yohan, un canicrosseur originaire du nord que j’ai déjà rencontré et interviewé pour le blog. On a pas mal de points communs :  notre passion pour les grisous (il en a 2 le chanceux !), pour la course à pied et la Corse. On papote régulièrement sur Facebook, je savais donc qu’il serait là et ça fait plaisir de voir un visage familier parmi tous ces locaux à l’accent chantant.

Lui et sa femme Claire sont, comme nous, en chaussures de route. De vrais touristes, dans tous les sens du terme. Les Chtis à la Parata. Des coureurs ayant fait la reconnaissance du parcours nous mettent en garde : il n’a pas plu depuis des lustres ici, le sol est presque aride et poussiéreux, ça risque de glisser. Ca promet ! Mais il est trop tard pour reculer. Les garçons partent s’échauffer. Je fais l’impasse sur cette étape car avec une température de 33 degrés et pas un filet de vent, j’estime que ce n’est pas vraiment nécessaire. Le simple fait de respirer me fait déjà transpirer… 

Les 5 premiers kilomètres :

Je me positionne assez loin de la ligne de départ pour ne pas gêner les brutasses qui ne sont pas venues enfiler des perles. Les mecs autour de moi sont tous hyper bronzés, musclés, équipés. Une grand majorité d’entre eux sont du coin. Ils connaissent bien le site et ses spécificités. Encore une fois je me demande ce que je fous là et me rassure comme je peux : « Allez, dans une grosse heure c’est fini ».

Départ trail de la parata
Pas facile de respirer sur les premiers mètres à cause de la poussière.
Heureusement ça se dissipe vite ! © Croix Rouge Corse du sud

Pas de pistolet ou de sifflet, le départ est donné à l’arrache par un membre du staff. Les premiers partent comme des balles. Pour le peloton dans lequel je suis, ça bouchonne. Le chemin est assez étroit, très sablonneux. Ca glisse, il y a énormément de poussière. J’en ai plein les yeux et la bouche, c’est dégueu. Très vite heureusement, nous arrivons sur des sentiers un peu plus caillouteux où l’air de vient plus respirable. Mais ce sont les pieds qui prennent cher désormais à cause de ces grosses pierres. A défaut de bosser ma vitesse, je vais pouvoir travailler ma proprioception aujourd’hui !

Premier kilomètre bouclé en 5min53. Ca me paraît archi pourri comparé à mon allure sur route mais je ne suis pas au bout de mes peines ! Je décide de ne plus regarder ma montre pour éviter de déprimer. Le seul mot d’ordre aujourd’hui : se faire plaisir ! Avec les 33 degrés, plus facile à dire qu’à faire. Je rêve déjà de boire cul-sec mes deux minuscules bidons d’eau qui traînaient par chance dans ma valise, mais je me raisonne car je ne sais pas trop où se situe le ravito. Au 2e kilomètre, ça commence à grimper doucement mais sûrement, mon allure en prend un coup. J’alterne déjà entre marche et course, tout comme les autres coureurs autour de moi. A ce rythme là, je me dis que je ne suis pas prête d’arriver ! On croise à plusieurs reprises des petits groupes de touristes qui vont à la plage ou en reviennent et je me dis : « Mais qu’est-ce que tu fous là bon sang ? Regarde ces gens, ils sont normaux. Toi tu fais vraiment n’importe quoi ! ».

Le troisième kilomètre descend légèrement, j’en profite pour mettre les gaz. Enfin, accélérer un peu quoi, ne nous emballons pas non plus. J’ai entendu parler de plusieurs côtes redoutables dont une en particulier, très raide et très longue, alors je préfère en garder sous le pied. D’ailleurs la voilà qui pointe le bout de son nez. La coquine s’était cachée derrière un virage. Quand je vois ce qui m’attend, je ne peux pas m’empêcher de lâcher un : « P*****, mais c’est quoi ça ? » qui fait sourire mon voisin de galère. On m’avait parlé d’une côte, pas d’un mur à escalader ! Mains sur les cuisses ou agrippées aux racines, c’est parti pour l’ascension de l’Everest. Le sol est archi sec, ça glisse à mort. Je fais super attention à chacun de mes appuis. Ma plus grande crainte : me vautrer sur le type derrière moi avec lequel j’échange quelques blagues pour détendre l’atmosphère. Je crève de chaud, dégouline de sueur, meurs de soif et rêve de plonger dans une piscine remplie de glaçons.

Ca ressemblerait presque à une séance de torture, mais la situation me fait marrer. Après 500 bons mètres de grimpette, je crois enfin revenir sur du plat mais c’est juste une feinte. Ca reprend de plus belles sur quelques  centaines de mètres supplémentaires. Je m’agrippe aux racines des arbres, aux ronces, à tout ce qui peut m’aider à me hisser plus facilement.

Quand j’aperçois enfin le ravito, je bave presque autant que mon chien devant une belle poule d’eau ! Des raisins et abricots secs, des bananes, du chocolat noir. Tout ce que je déteste pourtant. Mais je suis tellement dans le dur que je me délecte de tout ça avec gourmandise. Je me crois d’ailleurs au bistrot, m’arrête pour boire, papoter avec les bénévoles et me rafraîchir le visage. Ce petit moment de bonheur dure plusieurs minutes durant lesquelles je me fais griller énormément de places. Peu importe, je suis trop bien ici ! Je prends mon courage à deux mains et décide quand même d’y retourner… C’est pas tout mais les autres m’attendent sur la ligne d’arrivée. J’ai d’ailleurs une pensée pour Monsieur Bête de course qui doit avoir terminé. Le chanceux !

Les 7 derniers kilomètres :

Après la montée… la descente ! J’avais hâte d’y être en pensant naïvement que je pourrais reposer mes jambes, souffler un peu et dérouler un maximum afin de sauver mon honneur chronométrique. Que nenni. Certaines descentes sont presque plus casse-gueule que les montées finalement. Je sens des pierres se dérober sous mes Pegasus hésitantes. Par endroits je décide de mettre ma dignité de côté en y allant sur les fesses pour ne prendre aucun risque.

Pas facile de profiter de la vue, mes yeux ne quittent plus le sol. Ma priorité  est de passer la ligne d’arriver en un seul morceau. Malgré quelques frayeurs et hésitations, je profite à fond. Il fait moins lourd qu’au départ, j’ai la sensation d’être seule au monde là-haut sur mon rocher et commence à me sentir de plus en plus à l’aise. J’ai envie de m’arrêter prendre des photos tous les 5 mètres mais je prends sur moi car je boucherais le passage tellement les chemins sont étroits (90% de singles). Alors j’avance en tentant de mémoriser chaque image, chaque son et chaque bonne odeur que le maquis, la montagne et la mer peuvent m’offrir. J’ai beaucoup hésité à prendre ma musique avant le départ, je ne regrette pas mon choix d’avoir laissé mon casque dans mon sac. Je serais passée à côté de ces petits trésors et aurais sans doute gêné les coureurs en leur bloquant le passage involontairement.

Les derniers kilomètres défilent à vitesse grand V. Enfin, façon de parler car mon allure est toujours aussi pourrie. Elle ne s’arrête plus de dégringoler car désormais à chaque fois que le chemin s’élargit, je m’arrête pour prendre des photos, ce qui fait beaucoup sourire les quelques locaux qui me dépassent. Vu la gueule du chrono, je suis plus à 3 ou 4 minutes près !

Paysage trail de la Parata 2017
Si tu passes du côté d’Ajaccio un jour, n’oublie pas de faire un saut à la Parata !

Vers la fin du parcours, alors que je pensais les grosses difficultés derrière moi, le parcours se remet à grimper. Il faut cette fois escalader de grosses marches en pierres assez désagréables pour la plante des pieds. Une bénévole m’encourage : « Allez, après ça c’est de la descente, courage ! ». Heureusement, elle n’a pas menti. Mais avant de redescendre vers le village de départs / arrivées, je profite une dernière fois de cette vue incroyable.

A un kilomètre de l’arrivée, retour sur route. Mes jambes revivent ! J’accélère jusqu’à l’arche d’arrivée que je franchis, sourire jusqu’aux oreilles, après 1h31 de course. Allure : 7min38/km. Quand je promène mon chien j’avance plus vite ! Mais le chrono n’a aucune important aujourd’hui. La seule chose dont je me souviendrai, c’est l’immense plaisir que j’ai pris à crapahuter sur ces rochers malgré la chaleur et un état de forme plus que moyen. Yohan et Monsieur Bête de course sont arrivés au coude à coude, le premier à cloche pied avec une belle entorse, le second tout éraflé et couvert de terre à cause d’une vilaine chute. Je me suis moi aussi fait mal en me cognant le pied sur une grosse pierre mais ça passera assez vite. Seule Claire est arrivée entière.

L’organisation :

Le prix du dossard étant assez élevé par rapport aux courses auxquelles je suis habituée à participer sur le continent (20 euros), je m’attendais à une organisation (par la Croix Rouge) vraiment au top. Eh bien je n’ai pas été déçue ! Le retrait des dossards, hyper fluide, s’est fait très rapidement. Les sacs qui nous ont été remis à cette occasion étaient plus que bien fournis : ravitos solides, eau, épingles à nourrice et super maillot technique aux couleurs de la course.

Ravito trail de la Parata 2017
C’est pas du ravito de plaisantin ça !
© Croix Rouge Corse du sud

Le parcours, évidemment magnifique, était hyper bien balisé et encadré par des signaleurs bénévoles, tous aussi sympas et souriants les uns que les autres. Malgré la configuration très escarpée par endroits, le rapatriement des coureurs blessés à pu se faire sans aucune difficulté. Donc sécurité au top également.

Enfin super ambiance avant, pendant mais surtout après la course à l’occasion du pique-nique géant offert aux participants. Salades froides, charcuteries, fromages, chips, fruits, il y en avait pour tous les goûts et en abondance. De quoi combler et réconforter les estomacs mis à rude épreuve durant ces 12km d’une grande intensité !

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Auteur

Journaliste au caractère bien trempé, maman hyperactive, accro à ses baskets et à son chien. Blogueuse course à pied et canicross

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