Sur le papier, la Elle & Lui c’est une course de 15km en relais sur un parcours « mi-route / mi-chemin » à faire en couple. Dans la pratique, c’est plutôt, à mes yeux de routarde, une sorte de trail, ou en tout cas au moins une course nature, la plus technique que j’aie faite jusque là (une fois le trail passé, promis je ne me plaindrais plus pour quelques cailloux !). Mais aussi et surtout la plus sympa en termes d’ambiance et de convivialité.
L’inscription
Depuis mes débuts en course à pied, j’avais déjà vaguement entendu parler de cette course organisée à Dury, une petite ville située tout près d’Amiens. J’ai commencé à m’y intéresser l’année dernière, quand Chéri s’est lui aussi mis à courir plus sérieusement, lassé de se cantonner au rôle de spectateur sur mes courses les dimanches matins. Faute de dossards (les 250 disponibles sont pris d’assaut en quelques heures, maintenant je sais pourquoi), nous n’avions pas pu participer à la Elle & Lui à cette période et nous nous étions promis de ne pas la rater cette année.
Fin mars, une semaine à peine après le début des inscriptions, on réserve nos places pour être sûrs d’être sur la ligne de départ. Il ne reste plus qu’à patienter.
Le Jour J
Je ne me suis pas préparée spécifiquement pour cette course. Chéri non plus d’ailleurs. On souhaite la faire « à la cool » avec toutefois l’objectif de finir dans les 10 premiers. Le départ a lieu à 17h. C’est loin d’être mon horaire préféré pour faire du sport, surtout quand il fait très chaud comme aujourd’hui : 28 degrés, pas un nuage, un temps à siroter du rosé au bord d’une piscine ! L’avantage quand on n’a pas d’objectifs sérieux sur une course, c’est qu’on ne stresse pas. C’est donc détendue (oui oui, ça m’arrive !) que je me rends sur place 1h avant le départ pour récupérer mon dossard. À cette occasion, on reçoit également le lien que nous devrons nous passer lors du relais et qui nous unira sur les derniers mètres de la course. Pratique n’est-ce pas ?
Le cadre est canon. Le village de la course est installé dans le parc, très verdoyant, du petit château de Dury. L’ambiance est déjà hyper conviviale et agréable. Des bandes de copains qui rigolent à droite à gauche, un speeker qui fait des blagues au micro, de la musique pour motiver tout le monde, des photographes pour immortaliser les sourires… Bref, ça respire la joie de vivre ! Je retrouve sur place quelques bêtes de course avec qui j’échange quelques mots, je fais connaissance avec d’autres et c’est déjà l’heure pour les garçons de rejoindre la zone de relais, située à deux/trois kilomètres de là, au milieu des champs.
Un échauffement collectif et en musique est organisé pour les filles. Je préfère garder mon énergie et faire uniquement quelques tours du parc pour faire monter doucement le cardio. A 16h55 je me renverse une bouteille d’eau sur la tête et me place sur la ligne de départ. Je suis tout devant, c’est bien la première fois de ma vie (et la dernière à mon avis !) que ça m’arrivera. C’est impressionnant mais plutôt agréable comme situation.
Première partie : 4km pour Elle
Au coup de pistolet, je pars comme une fusée. Allure : 3min28/km, soit un peu plus de 18km/h. Pendant 40 mètres, je suis seule devant les autres filles. Du gros n’importe quoi, surtout vu le niveau relevé. Mais au moins ça me fera une photo souvenir rigolote. Assez rapidement, je me fais doubler par celles qui vont mener la course. Environ 6/7 filles me passent devant. Je ne m’inquiète pas, elles courent toutes beaucoup plus vite que moi d’habitude.
A la sortie du parc, on se retrouve assez vite dans les champs. Plusieurs filles me doublent encore. Je suis surprise par le niveau, moi qui m’attendais à être dans les 10/15 premières. J’en reconnais certaines et les encourage. Compétitrice, mais fair-play ! Le premier kilomètre est avalé en 4min15 sans trop de difficultés. Sur celui d’après, c’est beaucoup plus dur en revanche. Il y a beaucoup de vent, pas une zone d’ombre, je me sens très sèche et éprouve déjà des difficultés pour respirer et déglutir correctement. Un peu avant la fin du 2ème kilomètre, j’ai des frissons, suis prise de légers vertiges et songe à abandonner. Les 2 derniers kilomètres qui me séparent de l’arrivée me semblent insurmontables. C’est la première fois que je cours sans musique, ça a certainement joué aussi sur ma motivation ! Je pense au Chéri qui m’attend au relais, je me dis que je ne peux pas lui faire ce coup-là. En plus il s’inquièterait énormément. Alors je me ressaisis. Ca tombe bien, c’est à ce moment qu’arrive le premier ravito. Je prends le temps de marcher quelques mètres pour boire et bien me rafraîchir. Ca va mieux. J’y retourne.
Le troisième kilomètre me paraît un peu moins long que celui d’avant, même si le vent souffle toujours aussi fort. J’ai ralenti l’allure, ce qui me permet de survivre. Quelques filles me doublent encore. Je vois l’objectif du top 10 s’éloigner mais je m’accroche pour tenter de sauver les meubles. Le parcours est relativement plat sur cette première partie, les jambes ne souffrent pas trop. Fin du KM3, on aperçoit les garçons au loin. Ca me redonne un bon coup de fouet. Je pense au Chéri et au grand verre d’eau qui m’attendent. Je sors le lien en cordelette de ma poche et le prépare pour le passer à ma moitié, dans les starting-blocks. Au moment du relais, je lui lance : « Attention, ne pars pas trop vite, c’est trop dur ! ». Mais bien sûr, lui aussi part comme une balle. À ce moment, nous sommes environ 20/25èmes de la course. Mais j’ai confiance en Monsieur, c’est une vraie bête de course.
Deuxième partie : 5km pour Lui
Pendant qu’il bombarde à une allure de 3min10/km dans son premier kilomètre tout en descente (le seul, car après ce ne sont que des montées et faux-plats !), je me rue sur le ravito. J’ai rarement eu aussi soif. J’avale 4 ou 5 verres d’eau, cul sec, et m’en renverse 4 autres sur la tête. J’ai horreur des raisins secs (si un fabriquant de taboulé passe par là, je lance un appel !) mais en avale une bonne poignée sans réfléchir pour me redonner un coup de fouet. Au bout de quelques minutes, ça va déjà mieux. Je papote avec les autres filles, on échange nos impressions sur la course et on tente de se motiver pour la dernière partie. Le premier homme arrive comme une balle. Un coup d’oeil à ma montre, si Chéri est dans ses temps habituels, il ne devrait plus tarder. Je me rapproche de la zone de passage de relais avec un verre d’eau qui lui est destiné.
Ce grand malade arrive 6ème ! Il a remonté pas loin de 15/20 coureurs, je suis trop fière de lui ! Je lui emboîte le pas et nous repartons ensemble pour la dernière partie.
Troisième partie : 5,5km en duo
Le parcours qu’on emprunte est très caillouteux et en descente sur le premier kilomètre. J’arrive à relancer la machine sur un rythme très correct de 4min28/km, ce qui permet à Chéri de relâcher un peu après sa première boucle assez technique. On papote, on sourit aux photographes, tout se passe bien.
Le deuxième kilomètre se raidit un peu, mon rythme en prend un sacré coup. Je passe à une allure de 5min/km et un premier couple nous dépasse. Nous voilà maintenant 7èmes. On garde le moral, on sait qu’on va de toute façon se faire doubler plusieurs fois. Il y a beaucoup de coureuses plus rapides que moi, c’est donc normal à ce stade de la course où c’est la fille qui impose la cadence. Le plus dur arrive au 3ème kilomètre : une énorme montée, de près d’1km, sur chemins pas stables. Je craque et me mets à marcher pour reprendre mon souffle. Deux autres couples nous doublent à ce moment là, on les encourage. On passe alors 9èmes, l’objectif est encore à portée de main si on se maintient. Je relance en faisant la grimace. A la fin de la cote, on arrive dans un sous-bois où nous attend un nouveau ravito. On s’arrête deux secondes pour se réhydrater. L’ombre et l’eau fraîche nous font un bien fou.
Puis c’est le retour tant attendu du bitume. Je revis. Mes jambes aussi. Elles repartent à 4min44/km, l’arrivée est proche et je ne compte plus laisser personne nous doubler. L’allure est maintenue jusqu’à la fin du 5ème kilomètre, avec de furtifs coups d’oeil derrière nous pour m’assurer de notre position. Les 8èmes ne sont pas loin devant, mais il faut encore tenir 1km. Compte-tenu de la chaleur et des conditions, je ne prends pas le risque d’accélérer pour les rattraper. 500 mètres plus loin, quand je vois l’arche d’arrivée déjà devant nous, je le regrette. Cette dernière boucle fait précisément 5,4km et non 6 comme annoncés. Mais ce n’est pas bien grave, notre objectif est atteint et nous sommes heureux d’arriver ensemble, main dans la main, après 1h03 et 40 secondes d’efforts.
Quatrième partie : la fête
Pique-nique, tireuse à bière, animations et tombola. L’après course de la Elle & Lui est sans aucun doute le plus sympa auquel j’ai participé. Convivialité, partage et bonne humeur, le tout dans un cadre exceptionnel et sous un magnifique soleil. Nous avons dîné sur place (un sandwich et une boisson sont offerts à chaque coureur) en clôturant le repas par un gargantuesque buffet de desserts faits maisons, l’un des moments phares et les plus attendus de cette belle journée.
Conclusion :
Si tu es Picard, tu ne peux pas passer à côté de cette course ! Des bénévoles extrêmement gentils et souriants, un ravito de qualité à l’arrivée, des cadeaux sympas, un délicieux buffet, une ambiance du tonnerre et un parcours assez fun bien que difficile… La Elle & Lui réunit tous les critères pour passer un excellent moment avec sa moitié. Elle fait selon moi partie des courses incontournables de la région, au même titre que Courir la Jules Verne ou la Transbaie (que je ferai sans faute l’année prochaine !).
Un chose tout de même qui pourrait être améliorée : ce serait chouette d’établir un classement parallèle (pour les vrais couples dans la vie) qui ne prenne pas en compte les alliances redoutables de couples d’un jour, souvent bien plus stratégiques et efficaces 😉
RDV pris pour l’année prochaine avec cette fois un objectif de top 5, largement à notre portée ! Un grand merci à toute l’équipe de Vytajog et aux nombreux bénévoles présents ! 🙂
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2 Commentaires
Je n’ai jamais fait de course en relais, mais je t’avoue qu’après avoir lu ton article cela me tente bien 🙂
C’est une chouette expérience, fonce ! 🙂