Courir vite ou bien ne suffit pas pour se lancer en compétition de canicross. Contrairement aux apparences, c’est un sport assez technique qui requiert une grande complicité avec son chien (jusque là tout va bien) mais aussi une grande maîtrise de lui.
Oups, pour nous c’est là que ça coince. Lupo en fait craquer plus d’un/e avec sa silhouette d’athlète et son regard doux de tombeur. Mais c’est un chien assez remuant qui avec ses 30 kilos de muscles et de puissance, peut me retourner comme une crêpe ou me faire décoller du sol en un clin d’oeil. J’ai beau adorer mon chien, je ne suis pas maso.
Pour notre première course en duo, la Wamizrun, j’avais donc autant d’appréhension, si ce n’est plus, que pour mon premier marathon. Cette fois ce n’est pas la distance qui m’effraie, mais le fait de devoir composer avec l’énergie débordante et l’humeur – parfois instable – de mon Lupo, un braque de Weimar ultra dynamique, nerveux, pas toujours courtois avec ses congénères. Mes craintes se sont finalement envolées grâce à cette première expérience en canicross plutôt réussie, dont je suis très fière et qui nous rapproche encore plus, ma bête de course et moi.
Quelques jours avant
La semaine a été chargée, tant sur le plan professionnel que sur le plan sportif. Des journées bien remplies, des nuits assez courtes et 4 sorties running pour continuer la préparation de mon prochain objectif, le marathon de la Route du Louvre. Les journées ont défilé à une vitesse infernale, je n’ai pas eu le temps de travailler les départs et de réviser les ordres de direction avec Lupo comme j’avais prévu de le faire pour l’occasion. Certes, on a l’habitude de courir ensemble, mais notre « entraînement » n’a rien de structuré, c’est assez rock n’roll en général. Notre but à nous au quotidien, c’est de nous amuser. Tant pis, advienne que pourra !
Le jour J
La bataille se déroule au bois de Vincennes, à environ 1h30 de la maison en voiture. Le réveille sonne donc à 5h30 ce dimanche. Avec le changement d’heure pendant la nuit, c’est franchement hardcore de sortir du lit. La perspective de courir avec mon chien dans quelques heures, avec les courbatures de ma sortie longue de la veille et mes 5 heures de sommeil, ne me motive guère davantage. Pendant que je termine de préparer nos affaires, Chéri emmène Lupo au parc dans l’espoir de le fatiguer un peu. Il en faut bien plus pour venir à bout de mon petit bolide, l’opération s’est donc révélée totalement inefficace. Nous prenons la route à 7h alors que la ville entière dort encore (quelle chance !), accompagnés par un ciel bleu azur et un grand soleil qui annoncent une belle journée.
Sur place, nous retrouvons Joséphine, que j’ai rencontrée grâce à ma page Facebook, son copain Benjamin et Hiro, leur sympathique beagle. Nous faisons un petit tour pour détendre les chiens et leur faire faire leurs besoins avant l’ouverture des portes du village. Lupo est dans un état d’excitation intense, on dirait qu’il a gobé 10 extazys avant de venir. Je ne dis rien à personne mais je rêve de m’enfuir en courant. Une fois mon dossard récupéré, je me balade sur le village et échange quelques mots avec certains d’entre vous. Vos sourires et encouragements me font du bien, je commence à me détendre. Lupo aboie à tue-tête depuis qu’on est arrivés mais il se montre plutôt cool avec ses potes à 4 pattes, ce qui me rassure pour la suite des événements. On est 250 à participer, c’est pas le moment de se bastonner.
Le départ
Je suis train de faire connaissance avec Gwen (une bête de course qui a gagné son dossard au dernier jeu concours organisé sur Facebook) et son chien Dudu quand a lieu la première vague de départs. Lupo et lui sympathisent autour d’une gamelle d’eau bien fraîche. Mon viril grisou, qui ne supporte quasi aucun mâle d’habitude, m’épate une fois encore. Il est amoureux de Dudu et lui fait même quelques avances, gentiment refusées par ce dernier.
Le speaker invite les participants à se préparer pour le prochain départ. Cette fois je ne peux plus reculer. J’enfile mon baudrier et attelle Lupo avant de m’approcher de la ligne. Sur les conseils d’Alex,un copain virtuel rencontré grâce aux réseaux sociaux qui fait partie du même club que Gwen, j’avais initialement prévu de partir derrière tout le monde pour éviter les éventuels accrochages avec d’autres chiens. Coureurs et marcheurs sont tous mélangés, je change donc de stratégie au dernier moment pour éviter d’avoir à remonter toute la file et voir les laisses s’emmêler. J’ai un marathon dans 6 semaines, je tiens à rester entière.
On doit patienter une bonne dizaine de minutes, serrés comme des sardines, avant de pouvoir partir. Je tiens Lupo très court pour éviter le contact avec nos voisins, dont certains n’ont pas l’air très tendres. Beaucoup de chiens aboient, grognent, sautent et s’énervent. Un sacré joyeux bordel ! Contre toute attente, le mien reste calme. Impassible. J’aurais pourtant parié tout l’or du monde sur le fait qu’il serait le premier à vouloir se bagarrer. Je le sens un peu inquiet et le caresse pour le rassurer. Il a besoin de moi, je mets donc mes craintes et appréhensions de côté pour le soutenir et lui montrer qu’il peut compter sur moi.
Top, départ ! Lupo tire comme un malade mais j’arrive à l’amener sur le côté pour pouvoir doubler plus facilement en esquivant les copains les plus énervés. Je n’ai pas eu le temps de m’échauffer. La transition entre la position statique que j’avais il y a encore quelques secondes et la vitesse, à plus de 20km/h que m’impose Lupo, est assez violente. Sur les 200 premiers mètres, je suis tellement concentrée que j’en oublie de déclencher ma montre.
Je ne fais pas la maligne lors de ce départ bien mouvementé !
La course
Il y a beaucoup de duos à dépasser, je tiens Lupo assez court de peur qu’il ne se jette sur un chien. Finalement il n’en calcule aucun. Pas un seul coup d’oeil, pas un écart. Rien. Il fonce droit devant, tel un lévrier derrière un leurre dans un cynodrome. Il n’a qu’une chose en tête, être devant. C’est épatant. Je décide de lui faire confiance et parviens à me relâcher pour profiter pleinement du moment. On dirait qu’il a fait ça toute sa vie, je le laisse me guider. Arrivés au bout de la première ligne droite, plus de barrières, j’ai un doute. Je me retourne, aperçois Gwen et Dudu. « Suis la rubalise dans les arbres », me lance-t-il.
Le parcours est plat, assez longiligne comme je les aime (chacun son truc, n’en déplaise aux puristes !), verdoyant et arboré, ce qui le rend très agréable. Lupo suit parfaitement mes ordres de direction (gauche et droite) pour les rares virages à prendre. Il a chaud mais ne lâche rien, ultra concentré dans son effort. De mon côté je commence à faiblir vers le deuxième kilomètre. Mes jambes me rappellent que j’ai couru 17km la veille, 11 l’avant-veille, et qu’elles aimeraient bien aller se reposer. J’ai soif comme jamais, je n’arrive plus à déglutir. Je serre les dents, je ne veux pas décevoir mon grisou qui se bat comme un guerrier. Il est tellement à l’aise qu’il se paye le luxe de s’arrêter deux fois pour arroser les arbres du bois de Vincennes. Je profite de ces quelques secondes de répit pour reprendre mon souffle, ce qui me permet de mieux relancer ensuite. La course n’est ni chronométrée, ni classée, mais tu me connais, je suis incapable de prendre un départ sans me lancer un nouveau défi. J’aimerais donc la boucler en 16 minutes, soit une allure d’environ 4min/km.
Un objectif qu’on aurait pu atteindre si mon sens de l’orientation ne m’avait pas fait défaut une seconde fois. Pas de chance, Gwen et Dudu ne sont plus là pour nous aider. Le petit sentier ombragé sur lequel nous nous engageons sur une bonne centaine de mètres me paraît bien désert. Un coup d’oeil à droite, j’aperçois les autres concurrents sur un autre chemin. Hop, demi-tour pour les suivre (et les doubler, hihi).
À 500 mètres de l’arrivée, alors que nous commencions à fatiguer tous les deux, Lupo me sort un sprint fabuleux et réussit à nous faire encore gagner quelques places. Aucun concurrent ne nous a dépassés pendant la course qu’on finit en 16 min 23 environ. Un chrono approximatif car j’ai aussi oublié d’éteindre ma montre à l’arrivée, trop pressée de féliciter mon petit champion qui mérite haut la main son titre de bête de course.
Bilan
Cette première expérience en canicross a été une révélation pour nous deux. Lupo a enfin pu exprimer son grand potentiel de bosseur et de compétiteur dont il m’avait déjà donné un aperçu à l’entraînement. De mon côté j’ai découvert que je pouvais lui faire entièrement confiance, ce qui m’a permis de prendre un maximum de plaisir durant toute la course. Il s’est éclaté autant que moi, si ce n’est plus. On remettra ça sans aucune hésitation !
L’organisation
Toutes les conditions étaient réunies pour passer un agréable moment : une bonne cause à soutenir (les Chiens Guides de Paris), une organisation très bien rodée de la part de Wamiz, une météo plus que printanière, un staff souriant et aux petits soins, des partenaires de qualité (merci pour les cadeaux !), un joli parcours, de beaux toutous par centaines, une ambiance conviviale… et un stand à bière de compet ! 😉
Un seul petit bémol toutefois, sur les départs qui sont selon moi à améliorer. Les vagues étaient vraiment massives (entre 60 et 80 participants, marcheurs et coureurs confondus), ce qui a pas mal excité les chiens et destablisé les maîtres un peu timides comme moi. Mais je me dis que si j’ai survécu à ça, je peux maintenant affronter n’importe quel type de départ en canicross. En tout cas ça ne nous empêchera pas de revenir avec le même plaisir l’année prochaine pour la seconde édition de la Wamizrun.
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2 Commentaires
Super ce compte rendu! On s’y croirait presque.
C’est vrai que les départs à plusieurs doivent être particuliers surtout pour la première fois.
Malheureusement je n’ai pas pu y participer car ma chienne n’a que 10 mois, donc on attend impatiemment les 12 mois pour participer à ce genre de course avec plein de copains!
En tout cas je n’ai eu que des supers retours concernant cet événement! Alors hâte de participer à la prochaine Wamizrun et autre 🙂
Merci Caroline 🙂
C’était épique le départ mais heureusement ça se disperse assez vite.
Tu vas adorer ta première course, c’est vraiment un moment magique 🙂