Un parcours de 5km avec un chien plus petit que mon chat et que je n’avais jamais vu de ma vie, il fallait oser. Après quelques petits passages à vide, Bali, Jack Russel de 6 kilos et moi, avons finalement franchi la ligne d’arrivée du canicross de Forges-les-eaux ensemble le 7 octobre.
Une expérience nouvelle et très sympathique. J’aurais adoré remettre ça le lendemain mais nous n’avons pas pu revenir pour la deuxième manche.
L’inscription
Pas facile de trouver des canicross près de chez soi quand on habite en Picardie. Soit il n’y a aucune course à moins de 100km à la ronde pendant trois mois, soit il y en a deux le même jour, comme c’est le cas ce week-end là. Nous avions (Monsieur Bête de course, Lupo et moi) le choix entre le canicross des Amazones à Péronne et celui de Forges-les-eaux. Les deux affichent un parcours de distance équivalente, environ 5km. Le premier propose en plus un canicross court de 2,8km, ce qui nous intéresse vivement dans un premier temps mais impossible de le faire avec le même chien. Alors même si le deuxième est plus loin, on se dit qu’on pourra courir tous les deux si on fait les deux jours, samedi et dimanche.
Je discute avec Seb, président des Canipirates, club co-organisateur de l’événement, pour en savoir davantage sur la journée. En plus de m’annoncer un parcours bien roulant (n’en déplaise aux puristes, moi j’aime ça !) dans un cadre verdoyant, il me propose spontanément de courir avec Bali, son petit Jack Russel, orphelin ce jour-là puisque son maître prendra le départ avec Limon, son berger belge, en cani-VTT. L’idée me séduit immédiatement, même si j’en connais un qui risque de faire la gueule.
Le jour J
Affaires de sport, baudriers, lignes de trait et harnais, pique-nique, friandises pour chien… tout est prêt. Nous décollons de la maison vers 11h après avoir fait une belle balade à Lupo. Objectif : qu’il soit sage en voiture et qu’il ne fasse pas ses besoins durant la course (il aura évidemment une autre balade avant le départ). Plus le GPS nous indique qu’on se rapproche de la destination, plus le cadre est joli, verdoyant. C’est en plein coeur du bois de l’Epinay que se déroule la bataille. On n’est pas encore garés qu’on entend déjà les chiens hurler. L’événement est co-organisé avec la FFPTC (Fédération française de pulka et traîneau à chiens), les huskies et autres nordiques sont donc très représentés aujourd’hui ! Ils ont même envahi le village, réunis sur un campement qui accueille les personnes participant aux courses du samedi et du dimanche.
Les chiens sont très bavards mais très calmes malgré leur nombre et leur promiscuité. Dans leur situation, Lupo aurait déjà tout retourné et fait valdinguer les tentes ! En parlant du loup, à peine arrivé qu’il donne déjà de la voix lui aussi. Il est adorable sur les courses mais qu’est-ce qu’il est bruyant ! Pour une fois, il se fond à peu près dans la masse et on ne remarque pas que lui.
En tout début d’après-midi, après avoir regardé quelques départs de karts et laissé Lupo au calme dans la voiture, je retrouve Sébastien, le maître de Bali qui sera mon binôme de la journée. Il m’emmène à sa voiture pour faire les présentations. Je suis surprise par la taille de mon partenaire que j’imaginais un poil plus grand ! Le courant passe bien, Bali est super sympa et dynamique malgré son âge (7 ans). Je pars faire un tour avec lui, il me suit sans problème. Sociable, même avec ses congénères qu’il ignore complètement. Bref, le petit chien parfait !
On passe donc l’après-midi à papoter avec les copains, à s’en faire de nouveaux, à regarder les meutes de nordiques s’élancer comme des balles sur le parcours, à caresser des chiens mais aussi à se les cailler car la météo n’est pas vraiment de la partie. Au moment d’aller s’échauffer, une belle averse nous tombe d’ailleurs sur la tête. Moi qui hésitais encore entre les Pegasus et les Wildhorse, au moins c’est plié.
Top départ ! Km 1 et 2
Le canicross de la FSLC est programmé à 17h. Notre ordre de passage nous fait partir à 17h05, Bali et moi. Par chance, Lupo et Monsieur Bête de course partent 3 minutes avant nous. Aucune chance, donc, qu’on se croise sur le parcours. Je viens chercher mon petit fauve, déjà équipé de son mini harnais, le Zéro DC short, une bonne quinzaine de minutes avant le départ. Quand Lupo me voit débouler avec cette petite boule d’énergie qui trépigne d’impatience à l’idée d’aller courir, il me fusille du regard. « Qu’est-ce que tu fabriques avec ce rase-moquette ? Ne me dis pas que tu vas m’abandonner pour courir avec lui ? »
Bref il est tellement jaloux qu’il se remet à aboyer de plus belle et ne fait que se retourner pour me chercher du regard quand son maître s’avance avec lui vers la ligne de départ. De mon côté je n’ai aucun mal à maîtriser les 6 kilos de Bali qui sautille dans tous les sens. C’est plutôt agréable d’ailleurs. Pas de stress, pas de mains cisaillées par une ligne de trait hyper tendue, pas de gros à-coups qui me font décoller.
On se place dans les barrières côté gauche, à côté de nous deux autres binômes : un coureur avec un Alaskan et une fille d’à peu près mon âge avec un croisé Malinois. Autant dire des poneys par rapport à Bali. Je sens pas mal de regards posés sur nous, souvent amusés mais toujours bienveillants. Mon coéquipier ne passe pas inaperçu avec son mini gabarit et son énergie débordante. Il est tout fou, j’ai hâte que les 30 dernières secondes passent pour le laisser s’amuser. C’est d’ailleurs notre seul mot d’ordre pour ce canicross. Zéro pression, zéro objectif chrono, que du fun ! Je n’ai d’ailleurs aucune idée du rythme sur lequel je dois partir, je me calerai donc sur Bali. Ce sera lui mon guide durant ces 5km. J’ai bien conscience qu’il n’a pas les mêmes capacités que Lupo. Le respect et l’écoute avant tout.
Au top départ, Bali s’élance comme une fusée à plus de 20km/h. Je n’aime pas trop ce type de départs car ça met direct dans le rouge, mais je fais l’effort de suivre Bali pour le soulager au maximum. Au bout de 500 mètres, le rythme devenant plus acceptable pour moi, je l’encourage une première fois : « Bravo petit loup ! ». Je ne sais pas si c’est le petit surnom ridicule ou la voix féminine, peut-être biens les deux, mais il se retourne et, comme s’il avait vu un fantôme, me regarde d’un air de dire « T’es qui toi ? » et s’arrête net au milieu du chemin, heureusement assez large pour laisser passer les coureurs qui nous suivent.
Il cherche son maître et essaye de faire demi-tour. Je le remets dans le bon sens et l’encourage à repartir mais la bête est têtue. C’est niet. « Toi, j’ai décidé de te faire galérer », semble-t-il me dire. Me voilà bien embêtée car le règlement canicross stipule qu’il est évidemment interdit de traîner son chien ou de le faire avancer derrière soi. J’hésite à le porter mais ignore à ce moment-là si je peux le faire ou pas (il s’avère que oui, je n’hésiterai pas la prochaine fois !).
Tant bien que mal, j’arrive à nous déporter sur le côté du chemin pour laisser passer les autres binômes qui déboulent comme des fusées. Bali en profite pour arroser les arbres, tranquillou bilou. Je suis tellement désemparée que j’hésite à faire demi-tour. Un coureur qui le connaît passe par là et l’encourage (merci à toi!). Miracle, mon petit bolide se remet à avancer après environ 3 minutes d’arrêt complet qui ont fait planter mon Strava. Evidemment à ce moment, je ne regarde pas du tout ma montre, la priorité c’est d’arriver au bout du parcours avec mon petit binôme. Et je sens que je ne suis pas au bout de mes peines !
Aussitôt reparti, aussitôt arrêté. Sur toute la première moitié de la course, Bali ne va faire que ça. Il court quand un copain devant lui semble sympa à suivre, il s’arrête dès qu’il percute que son maître n’est pas là. Je ne veux surtout pas le forcer alors je marche, l’encourage, le caresse. Parfois ça fonctionne, il repart comme une balle. D’autres fois il se fait plus désirer. L’avantage, c’est que je ne suis pas dans le rouge et que j’ai le temps d’échanger quelques mots avec les coureurs qui nous encouragent ou nous adressent un mot de sympathie. Arrivés au ravito canin, je décide de m’arrêter mais Bali snobe l’immense seau d’eau que je lui tend. Il n’a qu’une hâte, repartir. C’est le déclic.
KM 3 à la ligne d’arrivée
Grâce aux chaleureux encouragements de plusieurs coureurs et aux miens, mon petit partenaire retrouve sa motivation et sa vitalité. La ligne de trait est désormais tendue, il est devant moi et semble bien s’amuser. Il prend même un malin plaisir à me faire passer dans toutes les flaques de boue, heureusement j’ai les chaussures de trail aux pieds ! On boucle les kilomètres 3 et 4 à une allure très correcte de 5min/km environ. Je suis très vigilante dans les dépassements car je ne voudrais pas qu’il lui arrive quoique ce soit. Heureusement, tout se passe bien. Bali est hyper cool avec ses congénères, même avec ceux qui déboulent comme des fous sans prévenir.
Il ne tarde d’ailleurs pas à prendre sa revanche. Ma petite fusée nous fait doubler un premier binôme, puis un deuxième, un troisième et un quatrième. Il m’épate et je ne suis pas au bout de mes surprises. En fin de parcours, une côte courte mais raide nous attend. Je me prépare mentalement à faire chauffer les cuisses et / ou à marcher mais Bali ne lâche rien. Toujours devant, ligne tendue, il avance en courant, imperturbable. Evidemment, il ne me tracte pas non plus. Avec son poids plume, il ne faut pas trop lui en demander non plus. C’est une autre approche du canicross et c’est tout aussi intéressant et agréable.
Avec Bali j’ai le temps d’apprécier le parcours, sans toutefois m’ennuyer. Sur le plan cardio, je suis ni dans le rouge ni dans le vert. Plutôt au milieu, dans le orange. Sur le dernier kilomètre, je décide d’accélérer pour tenter de rattraper notre retard accumulé en début de course et tester Bali. Je vois qu’il réagit plutôt bien alors je maintiens le cap à une allure d’environ 4min/30 par kilomètre jusqu’à la fin. Le petit museau de Bali coupe la ligne d’arrivée après un peu plus de 25 minutes de course. Je le félicite chaleureusement pour ses efforts car il a été vraiment top ! Nous finissons couverts de boue l’un et l’autre (enfin surtout lui le pauvre vu qu’il est à ras du sol !) mais super heureux d’avoir été au bout. Au scratch féminin, nous terminons 17/25. Pas si dégueu pour un binôme qui ne se connaissait pas il y a encore quelques heures et qui a passé plusieurs minutes à l’arrêt.
Lupo et Monsieur Bête de course bouclent le parcours en une petite quinzaine de minutes de leur côté, se hissant ainsi à la troisième marche du podium. Tous deux semblent également ravis de leur course.
L’organisation :
Rien à redire sur le combo FSLC-FFPTC. Les deux fédérations ont vraiment assuré : le site est très chouette, le parcours joli (je parle de celui du samedi uniquement puisque je ne connais pas celui du dimanche) et adapté à tous les niveaux / chiens, le village complet (buvette, ostéo canin, matériel de canicross, dont les copains de chez Non-Stop Dogwear), la com très bien rodée (ordres de passages clairs, résultats communiqués rapidement) et l’ambiance, très conviviale. Le samedi soir, un apéro était offert à tous les participants et une soirée moules-frites, à laquelle nous n’avons malheureusement pas pu participer, était organisée. Bref, je te conseille sans hésitation ce super canicross pour passer un bon moment avec ton chien. Ce sera aussi l’occasion de rencontrer des personnes d’horizons différents et de découvrir d’autres sports canins assez bluffants et spectaculaires.
#Canicross de Forges-les-Eaux – On était venus pour s’amuser… Mission accomplie ! 👍 Bon, c’était pas gagné car… https://t.co/R28CPDoYT8 pic.twitter.com/Hdgu24UBnW
— Bête de Course (@BeteDeCourse) 9 octobre 2017
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2 Commentaires
Aha génial le petit Jack ! La déprime que ça doit être de ne pas réussir à faire partir son chien ^^ Heureusement qu’il y a une bonne ambiance dans ces rassemblements.
Oui en effet on ne jouait pas la gagne, on était là pour se faire plaisir 🙂